Changer de regard sur la crise !
Et si les crises de nos enfants témoignaient d’une extraordinaire compétence ? Qu’est-ce que cela changerait à notre façon d’être parents si, lorsque notre enfant fait une crise, on réussissait à y voir la perfection d’un fonctionnement au service de la survie et de la santé de l’enfant ? Cela changerait tout !
Ne nous méprenons pas : la bonne nouvelle n’est pas que votre enfant fait des crises, mais le fait qu’il est capable (et qu’il s’autorise) d’en faire, lorsque quelque chose atteint son intégrité psychique. La crise est en tout point identique à la fièvre : elle est à la fois le signal d’alarme, le témoin d’un problème et un formidable outil d’autoguérison qu’il ne faut pas réprimer. Comme pour la fièvre il convient d’en chercher la cause. Comme la fièvre, la crise appelle présence et douceur. Bien souvent cela est bénin : une émotion coincée qui utilise la crise pour s’exprimer, pour ne plus être dans l’enfant. D’autres fois le problème est plus important. Dans tous les cas, faire taire les symptômes n’a jamais guéri personne. Et vous ne sauriez pas gronder votre enfant parce qu’il a de la fièvre, n’est-ce pas !
Qu’est-ce qu’une "émotion coincée" ?
C’est une contrariété, une tristesse, une colère, une peur, une honte, une frustration ressentie dans la journée, qui n’a pas pu s’exprimer (se décharger) ou être entendue et comprise sur le moment. Alors la bonne santé de l’enfant exige un retour à la normale, à la joie ! C’est là que la crise intervient, pour permettre la décharge de l’émotion coincée. N’y voyez rien de mystique, c’est une question de physiologie, d’hormones. C’est donc une compétence de l’enfant et un signe de bon fonctionnement : j’expulse de mon corps ce qui m’empêche d’être en joie.
Lorsque les crises sont nombreuses et importantes, on peut soupçonner un problème de fond. Et là la crise n’est plus un processus d’autoguérison mais un signal d’alarme qui, tant qu’il n’a pas été entendu et compris, continue à retentir. Il attend la réponse adéquate. Il s’agit de chercher les causes, ce qui perturbe l’enfant et y apporter des solutions. Les solutions qui permettront le retour à la joie !
Crise ou fièvre : c'est du symptôme qu'il faut s'occuper !
Je vous propose cette métaphore de la fièvre parce que notre capacité à rester calmes et bienveillant·e·s face aux comportements perturbants de nos enfants dépend beaucoup de la compréhension qu’on a de ces comportements, de la lecture qu’on en fait. Je pense alors que si on arrive à comprendre qu’un enfant en crise est en train de prendre en charge son problème, on peut changer notre façon de le vivre en se plaçant en allié plutôt qu’en victime ou en juge. Et pour remettre une couche, on sait aujourd’hui que c’est inutile, voire contre-productif, de faire baisser la fièvre. Avec la crise c’est pareil, c’est de la cause qu’il faut s’occuper, pas du symptôme.